Carlo Peroni, l'un des papas du personnage Caliméro, est décédé hier à l'âge de 82 ans. Le nom de son poussin noir qui se plaignait sans cesse est rentré depuis de nombreuses années dans le langage courant. Il désigne une personne qui se dit malchanceuse ou persécutée.
Booba n'écrit que très rarement de morceaux « à thème », préférant se concentrer sur la technique de la punchline comme beaucoup de ses collègues (Julien Morel l'explique mieux que moi). Lorsqu'il cite Caliméro, le poussin maudit est donc isolé au milieu de rimes pas toujours en rapport avec lui. La première fois en 2004, dans le morceau Alter Ego :
« Des MC comme nous, y'en aura pas d'aussitôt, j'débite si violemment j'pourrais en perdre une chico / Fait vite, passe-moi l'magot, l'argent les rend coquines / j'ai tué Caliméro d'une bastos dans la coquille. »
La seconde fois, deux ans plus tard, avec le morceau Boulbi :
« L'Etat fait tout pour nous oublier, si j'traîne en bas de chez toi j'fais chuter le prix de l'immobilier / Ouais mec, bidon d'essence, allumettes. J'y vois pas clair sans mon fusil à lunette / J'fais plus de biff qu'au tiercé, Caliméro se plaint moins la coquille percée. »
Booba tue Caliméro dans un album et l'enterre dans le suivant. Clin d'oeil intéressant qui prouve qu'il a de la suite dans les idées puisque ces deux rimes vont dans le sens d'une liberté que Booba défend farouchement : celle d'entreprendre et de réussir sans se plaindre de son origine sociale ou de sa couleur de peau. Prise de position atypique et risquée dans le rap français qu'il confirmait pourtant en 2008 dans le morceau Game over :
« J'arrêterai quand il le faut, je ne ferai pas l'album de trop / Tout le monde peut s'en sortir, aucun cité n'a de barreau. »
Son « puzzle de mots et de pensées », expression tirée de sa propre oeuvre que l'on utilise souvent pour décrire ses textes, est finalement assez simple à reconstituer. Presque un jeu d'enfant.
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