mercredi 23 mai 2012

La chatte à ta mère la pute

Boutique Truand de la galère, puces de Clignancourt, 19 mai 2012.
Agréable et souriant, sympathique mais timide, Morsay prend volontier la pose à côté des admirateurs et des touristes de passage dans sa boutique de Clignancourt. « Celle là, c'est pour tous les rageux que tu connais mon pote. » Qui l'eût cru ?  Pas moi en tout cas ! 

Vulgaire et ridicule dans ses premières vidéos, Morsay s'est pourtant peu à peu transformé en acteur majeur du rap français des années 10. Comment ? En osant un rap pénible, en écoulant des tee-shirts surréalistes et en diffusant des vidéos insensées. Moqué pour ses insultes constantes et son français approximatif, Morsay est devenu un phénomène sans le vouloir. Il a voulu jouer avec Internet, mais c'est finalement Internet qui joue avec lui.

Car de sa rencontre avec Swagg Man, sorte de Mickael Vendetta au rabais, jusqu'à sa très sérieuse candidature à l'élection présidentielle, qui nous a longtemps tenu en haleine, en passant bien sûr par son long métrage pathétique, devenu un classique instantané, Morsay s'est construit un personnage tellement incroyable qu'on peine parfois à démêler fiction et réalité, humour et second degré.

Sa sincérité lors de son interview avec Mouloud Achour, puis sa sympathie lors de mon passage à Clignancourt, m'ont toutefois convaincu de son authenticité. Ses frasques désormais ne me font plus rire ni pitié, elles m'interrogent. Que va t-il (re)devenir quand on ne s'intéressera plus à lui ? Quelle trace va t-il laisser dans le rap français ? Celle d'un clown amusant et d'un acteur grotesque sans doute plus que celle d'un rappeur accompli. Mais qu'importe la manière après tout : Morsay fait déjà bel et bien partie de la légende du rap français.


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